Jean-Pierre Conin, propos sur le dessin
Jean-Pierre CONIN n’aime pas parler de lui, mais il a été contraint de le faire lors de sa dernière exposition à Langeais en 2016 : 
 
« Je déteste parler de moi, mais je sens que je vais devoir le faire …un peu 
Quand on me demande pourquoi je ne peins pas, je réponds souvent en plaisantant : parce que la peinture c’est sale, ça pue, et ça coûte cher !... 
Pourquoi le dessin ? Tout d’abord, précisons que le dessin n’est ni une ébauche, ni un brouillon, ni un croquis, mais une œuvre aboutie et qui, à ce titre, a droit à la même considération qu’une peinture. 
Victor Hugo, Goya, Odilon Redon et tant d’autres ont fait de superbes dessins qui valent largement certaines peintures dans la puissance d’évocation. 
 
On me demande souvent « pourquoi le noir et blanc ? » à quoi je réponds d’abord qu’il y a des noirs et des blancs, ensuite qu’il y a plus de profondeur et de vérité dans le noir et blanc (des photos ou des dessins) et que la couleur est parfois une manière de farder la vérité, de la travestir… 
 
A ceux qui me disent que je les déroute parce que je suis inclassable je réponds qu’ils ont raison ! que c’est ma nature…et ma chance. 
Contemporain, je ne le suis que parce que je suis vivant, mais je ne suis adepte ni de la tache, ni de la coulure, ni de l’installation, ni de la vidéo…donc pas moderne, pas tendance…(malgré mon attachement à Opalka ou Fred Deux, et tant d'autres) 
Et je dois avouer sans fausse modestie que j’en suis fier, et certainement plus libre ! 
On me demande aussi quelle est ma technique.
Je sais que je déçois à chaque fois quand je réponds : craie noire, pastel blanc, mes doigts (parfois indisciplinés) et mes yeux.
En effet, pour peindre ou dessiner, il faut surtout savoir regarder. 
Pour visiter une exposition il faut aussi savoir regarder…s’attarder devant chaque œuvre, s’en imprégner. 
Rien de plus déprimant que de voir un visiteur faire une halte de deux secondes devant chaque œuvre, puis passer à la suivante. Qu’a t’il ressenti ? Qu’a t’il retenu de sa propre émotion et de l’émotion de l’artiste ? Pire, certains photographient chaque œuvre sans l’avoir regardée.  
 
Aujourd’hui, on a pris l’habitude de discourir sur la création. « Avoir le discours » est plus important que la création elle-même, alors que si le peintre…peint, c'est parce que c’est son mode d’expression. On ne demande pas à l’écrivain de savoir peindre ; pourquoi demande-t’on au peintre d’ «avoir le discours » sur son œuvre ?...Est-elle donc si inintelligible ? 
Pour chaque dessin, je pense être allé au maximum de la forme et du fond. 
Ensuite, libre à chacun d’avoir son niveau de lecture, d’émotion, d’imagination, d’interrogations… »