Patrimoine bâti de Berthenay
Les sociétés et la confluence du Cher et de la Loire à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne
Je présente ici, un extrait de l'article qui a été écrit en collaboration avec Joëlle Burnouf, Professeur d’archéologie Médiévale, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.
 L’île de Berthenay qui s’étend du ruau Sainte-Anne au Bec du Cher est considérée par R. Dion comme protégée par des levées construites entre le XIIIe et la deuxième moitié du XVe siècle pour la digue en rive sud de la Loire et médiévale (sans précision) pour la levée en rive droite du Cher.

Les recherches conduites depuis cinq ans de manière systématique dans les fonds des archives municipales de Tours montrent que les travaux engagés par la communauté urbaine de Tours dans les Varennes à la fin du XIVe siècle sont des réfections d’ouvrages (turcies) dont l’existence est donc antérieure à 1386. La localisation de ces protections est difficile à cartographier, aucun document planimétrique de cette époque n’ayant été conservé et les mentions dans les comptes font référence à des noms de propriétaires ou à des toponymes disparus.

Toutefois dans l’espace qui va de Tours à « l’église de Berthenay » la construction d’une Turcie est mentionnée en 1387 mais comme une turcie est citée comme détruite après la crue de 1386 on peut imaginer plusieurs scenarii : soit on reconstruit la partie emportée par la crue, soit on réalise, sur un autre tracé une nouvelle digue, soit on complète un réseau intermittent de construction de digues. En tout état de cause c’est la commune de Tours qui prend en charge les frais mis en œuvre sur des espaces ruraux qui se trouvent à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la ville. 

Le bec du Cher, seule confluence actuelle de la rivière avec la Loire, apparaît comme un espace occupé très tôt, un prieuré de Marmoutier existe certainement avant le XIe siècle, date des premières mentions, au lieu dit « le Foncher », sur la rive droite du Cher avec une pêcherie de courant et des pêcheries de boires, des terres et des droits sur l’eau. L’étude de la centaine de documents qui permettent d’étudier la pêcherie du Foncher apporte aussi des informations indirectes sur cette confluence, outre l’existence de deux bras du Cher en aval du prieuré jusqu’aux travaux du XVIIIe siècle : le premier qui conflue directement avec la Loire et un second qui continue à longer le coteau vers l’ouest pour aller vers l’aval.

Entre Le Cher et la Loire à la confluence, entre les lieux-dits, le Foncher, au sud, et la Grange aux Moines, au Nord, où les vestiges de bâtiments marquent le caractère médiéval des aménagements, une zone de boires (la grande Boire, la boire aux Bœufs, la boire Futembre, la Boire de l’Aulne) signe une zone humide d’une largeur importante et marque sans doute un paléotracé du Cher qui confluait en fuseau avec la Loire. Cet espace reste temporairement actif pendant la période médiévale, entre le XIe et le XVe siècle puisqu’il est utilisé pour y installer des structures de pêche.
note : l'ouvrage de R Dion cité en début d'article peut se trouver mais à un prix très élevé