Patrimoine bâti de Berthenay
la fuie de Portoville
Achevée au XVIe siècle, 
la métairie de Portoville  
dépendait de l'abbaye  
de Beaumont lès Tours.
 
Dans l'église de Berthenay  
un vitrail sorti de l'atelier Lobin  
nous en donne
une très belle image.
Les paysans alentour voyant fondre leurs espoirs de récolte au rythme des volées de pigeons  qui venaient s'y abattre ne pouvaient que se montrer mécontents. 
1789 signa l’abolition des privilèges, dont celui des pigeonniers. 
 
En 1791 Portoville est vendu comme bien public, les propriétaires se succèdent à sa tête, abandonnant l'élevage des pigeons pour celui des bovins. 
Aujourd'hui une nouvelle destinée est offerte à Portoville.
Le pigeonnier est toujours là. 
Il occupe l'angle sud ouest  
du mur d'enceinte de l'ancienne métairie. 

Cylindrique, il offrait l'avantage  
d'une exploitation intérieure plus aisée.  

Construit en pierrons, rognons de silex  
et autres matériaux siliceux récoltés  
dans les champs et ennoyés dans un mortier.
 
Son élégance vient de sa couverture : 
un toit de tuiles plates surmonté  
d'un lanternon en ardoise. 

La tuile rappelle le matériau tourangeau
usuel  et accessible à tous.
L'ardoise acheminée d'Anjou,  
très onéreuse et réservée aux églises,  
châteaux ou manoirs, amplifie ici la noblesse du lieu. 
Taillée en écailles de poisson,  
elle souligne le raffinement du projet  
et l'excellence de ses exécutants. 
Pour les pigeons, leur demeure
 était accessible  
par le lanternon
et les lucarnes orientées  
aux quatre points cardinaux.
Sobrement chapeautées en triangle, 
elles assuraient également l'entrée de la lumière  
et l'aération, indispensable à l'hygiène. 
Les dimensions modestes de leur ouverture  
visaient à ne donner accès à l'intérieur  
qu'aux pensionnaires, moyen simple et efficace de lutter contre les prédateurs.  
Buses, corneilles, chouettes  
et autres éperviers comptaient parmi les plus redoutables, tous aussi friands d'oeufs  
que de pigeonneaux.
A l'intérieur, 1250 boulins, tous orientés 
vers la gauche, tapissent la paroi. 
Ces logements familiaux étaient destinés  
à abriter chacun un couple de pigeons  
et sa nichée, dans un confort maximum.  
Il devait pouvoir s'y accoupler, pondre,  
couver et élever ses petits tranquillement.
Les six bandeaux de pierre (larmiers)  
également répartis sur la hauteur de la paroi,  en saillie, visaient à protéger les volatiles  des prédateurs venus du sol.  
Ils servaient également de plage d'envol.
Plus vastes à l'intérieur que l'entrée ne le laisse supposer,  les boulins sont en effet coudés,  ce qui augmente généreusement la surface habitable,  protège la nichée des courants d'air néfastes et assure l'intimité.
A l'entrée de chaque boulin la pierre tendre a été entamée par les griffes 
des pattes des pigeons
Au milieu du pigeonnier,  un socle de pierre (la foire) équipé d'un poinçon,  reçoit l'arbre vertical, évidé en son centre.  

Ce procédé est identique à l'autre extrémité  où l'arbre s'encastre cette fois  à la croisée des poutres maîtresses transversales  (les entraits). 

A Portoville les échelles ont malheureusement disparu.