Histoire des horticulteurs de Touraine
Tout à l'heure vous avez parlé du coût du chauffage qui avait considérablement augmenté, pouvez nous dire quelques mots sur son histoire?
En 1938 c'était le charbon. Ce chauffage était très difficile car il fallait tous les soirs décrasser les chaudières. En 1951 j'ai bénéficié d'un logement de fonction rue de l'Hospitalité et chaque soir avec des outils de 1,50 mètre de long je devais enlever la mâchefer. A une certaine période par manque de charbon nous avons essayé le bois. On mettait un stère de bois à la fois mais il était très vite brûlé. Nous avons aussi brûlé de la tourbe qui venait de la limite de Sarthe. C'était bien un moyen de chauffage mais le rendement n'était pas terrible. Nous avions bien du mal à faire que nos productions d'hortensias soient fleuries à l'heure.
Nous sommes ensuite passés au fioul. Il nous a fallu une réserve suffisante pour ne pas se trouver en rupture de stock. Nous avions des citernes de 20000 litres. Ensuite EDF nous a proposé d'installer gratuitement l'arrivée du gaz, à Tours et aussi à La Riche dans nos serres qui étaient un petit peu à la campagne de l'autre côté du château du Plessis.
M. Ledeux et M. Travouillon à l'époque ont accepté l'offre et cela a été la panacée du chauffage. Il n'était plus nécessaire d'avoir un stock de carburant donc de faire une avance d'argent et il n'y avait plus de problème d'encrassage de chaudière. Au départ il a fallu faire une mise au point car nous avions de grosses chaudières. Je devais alors me lever deux ou trois fois par nuit. J'avais toutes les alarmes des chaudières et des circulateurs sur ma table de nuit. Le matériel avait été acheté en Suisse. Avec l'installateur nous nous sommes même installés une nuit dans la chaufferie pour attendre que cela tombe en panne et en fait les problèmes ont été résolus par le vendeur qui a enlevé un côté d'hélice sur le brûleur. Tout s'est alors bien passé.
Comment la chaleur était-elle transmise dans les serres? Y a-t-il eu une évolution?
Il y a toujours eu des chaudières à eau chaude. Au départ nous travaillions sans pompe de recyclage. Nous avons été dans les premiers à en installer. Après nous avons eu une grande régularité de chauffage. Il y avait un circuit sous tablette et un circuit aérien. Nous avions dans toutes les serres des vannes de régulation qui permettaient en demi-saison de ne faire fonctionner que le chauffage de dessous de tablette ou de l'arrêter quand le soleil donnait. Mais c'était un travail journalier à faire à la main. Il fallait aussi aérer les serres ou les ombrer. L'horticulture de maintenant n'est plus du tout cela.
Les serres étaient chauffées de manière différente. Pour le cyclamen nous avions besoin d'une moyenne de 15 degrés. Pour le forçage de l'hortensia qui correspond à une période entre la chute des feuilles de l'automne et Pâques il nous fallait tenir le plus près de 20 degrés. Une chute de température de 2 ou 3 degrés retardait la floraison et c'était très grave car nous avions les impératifs de date de livraison. Pâques correspondait à la première période de l'hortensia qui se vendait pour nous de Pâques jusqu'au mois de juillet presque en floraison naturelle.
Est-ce qu'il y avait le même problème pour les chrysanthèmes ?
Les chrysanthèmes étaient dehors. On dépendait plutôt du temps car c'est une plante de jour court ce qui fait que les dates de pincement étaient différentes cela nous permettait de les obtenir toutes fleuries à la même date. Certaines variétés étaient pincées le 10 juin et puis d'autres le 14 juillet. Tout était bien structuré, bien écrit ; cela remplissait un tableau et chacune des 60 variétés de chrysanthèmes avait sa date de pincement. C'était impératif. Actuellement, avec les nouvelles variétés, ce tableau s'est bien rétréci.
les établissements Ledeux en 1950