Histoire des horticulteurs de Touraine
vie sociale
Si nous parlions maintenant de la vie du personnel, des relations dans l'entreprise ?  

Le climat était très bon. Le patron faisait les observations sur le personnel dans le bureau, cela se passait très calmement. Je suis parti à la retraite en 1982. Je suis resté 44 ans à la maison Ledeux en y étant rentré pour un an. Nous nous sommes mis à jour avec les autres corporations en 1968, ce qui a été pour les ouvriers horticulteurs le déclenchement des heures supplémentaires. Cela a été très difficile dans les discussions de Grenelle, mais nous sommes arrivés à avoir nos deux cents heures de travail normal et toutes les heures supplémentaires car à l'époque nous avons fait 10 heures, 9h30, 9h00. Cela s'est maintenu à 9h00 avec des heures supplémentaires. J'ai toujours était syndiqué depuis 1952, moment où je suis passé cadre dans l'entreprise et je le suis encore. 
Quelles étaient les épreuves qui constituaient le CAP de jardinier ?  

Nous étions ce qu'on appelle jardinier 4 branches. Nous avions des périodes d'horticulture, de maraîchage, d'arboriculture. Le jour du CAP il nous fallait tailler, écussonner, tuteurer, faire des boutures d'hortensia, bêcher, répondre aux questions pratiques (quel compost pour un hortensia?). Il y avait plus de pratique que d'écrit. L'examen se passait dans le jardin botanique, principalement dans le fruitier. Il y avait peu de question sur les légumes. Les questions posées concernaient surtout sur l'arboriculture. A St Symphorien il y avait un centre d'arboriculture rue Pinguet Guindon. On allait y suivre des cours le dimanche matin de 8h00 à 10h00 et on apprenait à tailler, reconnaître les principales variétés de fruits. Après la journée, nous avions deux fois par semaine des cours du soir donnés au jardin botanique.
Est-ce qu'il y a eu une grande évolution dans la vie de l'horticulteur (tenue, outils…) 
 
Au début c'était les sabots de bois, la cotte bleue, la veste bleue et le tablier avec la poche ovale devant qui nous permettait de mettre les outils, crayons, étiquettes… Les sabots de bois avaient des "cossins". Le "cossin" était la partie en cuir légèrement rembourrée à l'intérieur qui évitait que le coup de pied porte directement sur le bois. Pour s'isoler du froid on mettait de grosses chaussettes ou des chaussons. C'était dur pour un apprenti ; cela faisait mal au pieds et à ce moment là on faisait 9h00 par jour. Au cours du temps chacun s'est habillé comme il a voulu mais il fallait quand même de bonnes chaussures.